Chapitre premier : quand tout commença...

Chris, témoin de l'union de deux paysans, naquit dans un petit village baptisé ****** depuis sa construction. Etant le tout premier enfant, l'annonceur d'une nouvelle génération, Chris était, dès son plus jeune âge, chérit par ses deux parents. A eux trois, ils vivaient dans une modeste cabane, ce qui paraissait paradoxal quand on contemplait le bonheur intense qu'ils ressentaient... Du moins, les deux parents. Chris était encore un bébé, il n'avait pas appris à être heureux. Mais c'étaient toutes ses habitudes quotidiennes, toutes ses émotions, ses sensations, qui l'éduquèrent très tôt. Par ailleurs, bien que son père travaillât aux champs en journée, la mère n'avait qu'à s'occuper de son nourrisson. Le fait de lui parler à longueur de journée fit Chris bégayer ses premiers mots aux alentours de deux ans.

Au fur et à mesure que le bambin grandissait pour devenir un jeune petit garçon âgé de six années, Chris avait hérité des couleurs de son père et des formes de sa mère, ce qui en fit un jeune garçon élégant, prêt à suivre l'éducation dans la ville la plus proche, avec des enfants du même âge. Chris, le fils de paysan, connu ce qu'on appelait l'école. Il se sentait loin de sa mère, ce qui le faisait pleurer à chaudes larmes lorsqu'il se retrouvait seul. Néanmoins, la présence des autres individus compensaient ce manque. Chris se lia d'amitié avec un autre enfant nommé Jinn, sans savoir que celui-ci était en fait le dauphin de ce royaume. Les journées étaient très calmes et monotones ; Chris étudiait, sa mère, bien qu'elle ne comprenait grand-chose à tout ce que son fils apprenait, était toujours derrière. Et si par mégarde elle devait labourer les champs avec le mari, il y avait toujours le vieux paysan du coin qu'on nommait Grackenzup (allez savoir pourquoi) qui prenait la relève. Bien qu'il fusse vieux, Grackenzup dégageait autant d'assurance que la mère.

Chapitre second : renonce...

Chris a grandi. Il était maintenant un jeune adolescent se tenant sur ses treize ans. Il était devenu intelligent, brillant, et était le meilleur élève parmi ses camarades. Ses parents lui donnaient le goût de réussir, voilà tout. Mais ce bonheur prit deux tournants. En premier lieu, Jinn, qui avait grandit dans un environnement noble, riche, fut sévèrement fâché pour avoir noué des liens avec un fils de paysan qui ne dégageait aucune titre, aucun héritage de valeur. Sept années d'amitié fusionnelle se brisèrent. Chris n'avait, dorénavant, que ses parents sur qui compter, ainsi que les autres jeunots qui peuplaient le village, bien que minoritaires. Enfin, secondement, vint la naissance d'un deuxième enfant parmi les Scale : on l'appela Ben. Les parents restaient les mêmes : ils chérissaient déjà le nouveau venu. Chris se retrouvait donc de côté, ses parents n'avaient presque plus d'yeux pour lui. Un bonheur qui vire soudain à une jalousie maladive...

Mais Chris devait renoncer à laisser son cœur s'imprégner d'émotions aussi mauvaises. Il n'avait pas été éduqué de la sorte, et il se devait d'agir en homme relativement sage. Sa mure réflexion le mena à fuguer loin de son logis, après avoir laissé cette trace écrite :

Il déserta les lieux, saluant du regard sa famille profondément endormie. Puis, il se dirigea vers son petit frère, et lui souhaita d'être le dernier de la lignée.

Chapitre troisième : vole de tes propres ailes

Chris marchait, sur les itinéraires du royaume, les larmes très chaudes. Il ne pleurait certainement pas parce qu'il était seul et libre d'aller selon son bon plaisir, mais pour tout ce qui avait pu se passer. C'était difficile à supporter, surtout quand on a été élevé de la sorte. Mais il reconnaissait les points positifs de son départ. Il marchait, avec un bâton soutenant un bandeau qui lui-même recouvrait des provisions pour ce long voyage. L'école, pour lui, c'était terminé. Il était maintenant trop vieux. Les jeunes de son âge finissaient ensuite par exercer la profession de leurs parents - puisque, comme dit le proverbe, tel père, tel fils - mais Chris allait s'engouffrer dans une toute autre voie. Il voyageait, consommant le moins de ressources possibles, jusqu'à atterrir dans une ville bien peuplée dont il ne connaissait le nom. Chris était pauvre, et il n'avait donc nul moyen de s'abriter, les auberges exigeant ce qu'il n'avait pas emmené avec lui : de la monnaie. Sa famille avait toujours vécu par l'agriculture, et ne possédaient pas forcément de ce qu'on appelait monnaie dans le royaume.

On lui suggéra donc l'église, où les moines faisaient l'aumône pour les plus démunis. Chris étant un enfant, il pourrait facilement survivre grâce à cette charité. Les moines qui composaient cette église étaient tous vêtus d'une longue robe blanche, avec de longs capuchons qui dissimulaient leur visage. De ce fait, on ne pouvait déceler aucun sentiment, aucune faiblesse. Ils les ôtaient uniquement pour saluer des individus importants, tels que les hommes du roi. Chris se sentait rassuré en ce lieu saint, et la première idée qui lui vint à l'esprit était de faire partie de leur rang. Il subit bien des interrogatoires, bien plus qu'il ne s'y attendait, par ailleurs. Effectivement, bien qu'il fusse âgé convenablement, c'était son origine qui suscitait l'étonnement parmi les confrères moines. Mais ceux-ci vinrent tout de même à conclure que Chris ferait un très bon membre de ce qu'ils appelaient, en fait, "confrérie".

Chapitre quatrième : des moines scribes ? Seulement en apparence...

Il ne s'agissait, en effet, pas que d'un simple groupe d'hommes qui font l'intérmédiaire avec ce qu'on appelait Dieu, ou l'être créateur de la race humaine. Il s'agissait d'une organisation, d'une confrérie. On fit visiter à Chris les riches sous-sols de l'église ; ils comportaient des salles pour recevoir une éducation largement prisée. C'était, en quelque sorte, la récompense pour un individu souhaitant accéder à la vocation de moine qui semble ennuyeuse en surface. On lui annonça qu'il apprendrait le combat par le sabre, des sciences plus poussées et notamment des techniques de cryptographie. L'objectif final était formel : l'organisation avait pour but de neutraliser les menaces les plus pesantes du royaume. Une confrérie compétente qui ne cessait de former, de se développer... Le tout, dans l'ombre la plus totale. Les moines apprenaient à se battre et étudiaient dans les sous-sols. Cette idée redonnait énormément d'espoir à Chris. Les pourritures de nobles, comme il se le disait, n'avaient pas idée qu'il existait de tels êtres motivés. Il était convaincu, au fond de lui, que ceux qui ne faisaient que vanter leurs propres mérites n'étaient qu'en fait que de simples moulins à parole. Ici, il allait progresser, apprendre à combattre et devenir encore plus constitué psychologiquement. Non, il ne pouvait pas rêver mieux.

Ses acolytes avaient, en moyenne, dix années de plus que Chris. Mais cela n'empêchait pas au jeune homme de se montrer motivé et très studieux. Par ailleurs, ses habitudes d'être toujours le premier partout faisaient de lui un bon élève, bien qu'il soit, cette fois, entouré d'individus suivant la formation depuis bien plus longtemps que lui-même. Il était bien plus novice que les adultes qui étudiaient céans, mais Chris était quelqu'un de très pugnace. Son père l'avait éduqué tel quel : rien de rationnel ne devait être impossible ! En cinq années, il devint débrouillart en art de chiffrement des messages qu'on communiquait de la confrérie à l'armée royale, relativement doué en art du sabre et doté d'une logique et analyse appréciables. Il avait dix-huit ans, et avait une carrure bien plus imposante que celle de l'enfant maigre qu'il était.

Mais le paradis ne se trouve pas sous terre. Il a plutôt réputation de se trouver plus au-dessus. Chris était las de cet enseignement qui finissait par devenir répétitif. Et puis, les générations futures viendraient à leur tour suivre cet même voie, générant toujours plus de main d'oeuvre. C'était très probable. C'est alors que le jeune homme demanda ce que nul moine n'eut demandé auparavant : la liberté d'errer sous l'apparence même d'un moine, c'est-à-dire vêtu du long capuchon qu'il avait reçu à son départ. Cependant, il ne tint pas nécessairement à emmener d'arme avec lui. La confrérie était embêtée, puisque Chris était un élément excellent. Mais, les moines, étant de bonne foi et se souciant davantage de la prospérité du royaume, ils renoncèrent à garder Chris à leur côté. Non, ce n'était pas dans l'éthique de la confrérie de séquestrer ses membres. Elle était faite pour combattre le mal, et non pas s'avérer, elle-même, vicieuse en son sein.

Chapitre cinquième : respire la Liberté...

C'était un grand tournant dans la vie de Chris. Bien qu'il eût vécu des passages vides, difficiles, il était maintenant bien constitué et libre d'aller et venir. Il gardait un excellent souvenir de l'art de combat qu'il avait appris pendant cinq ans, et c'était une éducation rare et prisée. Toutefois, il n'avait jamais eu à se servir, dans une situation réelle, de ces compétences, mais toujours est-il qu'en aucun cas il ne devait la laisser se mourir sur long terme. C'est pourquoi il sacrifia l'argent qu'il avait dûment encaissé pendant sa formation en rendant service à la confrérie pour se procurer un sabre personnalisé. Mais Chris ne souhaitait pas une arme faite pour tuer. Il a eu la chance d'avoir vent de combattants qui utilisaient des armes faîtes uniquement pour se défendre ; pas nécessairement des boucliers, mais des armes qui ne coupent pas et qui ne peuvent être coupées. Chris souhaitait acquérir un sabre de la sorte, et ne se servir du tranchant uniquement pour sectionner monstres et créatures si jamais il venait à en croiser. Parce qu'une fois son arme obtenue, il irait parfaire sa dureté et sa psychologie dans les éternelles et rudes montagnes de ******, qui étaient réputées pour n'abriter aucun être humain, et où un climat glacial s'était installé. Le contraire de l'enfer. Mais Chris, surtout depuis sa formation de moine, refusait de se soumettre au danger et aux "dit-on". Il lui fallait connaître la vie d'ermite, puisqu'il n'avait plus la moindre pièce d'or pour se nourrir. Et quel intérêt de faire un métier quelconque d'apothicaire ou de tavernier si on a étudié des arts prisés et bien plus qualifiants ? La question ne se posa pas. Chris se mit donc en route pour les montagnes de ******, tout en localisant des lieux où il pourrait s'instruire. Pas davantage.

Mais parfois, il vaut mieux s'en tenir aux "dit-on" et faire preuve de bonne conscience. Le froid était impardonnable, et Chris avait du mal à avancer. Il avait progressé, bifurquant çà et là dans les lieux sans se soucier de sa direction, mais était contraint à se poser à divers endroits, parce que tout ce remue-ménage lui drainait énormément d'énergie et que c'était au-dessus de ses moyens. Il voulait néanmoins faire connaissance des endroits, parce qu'il projetait de s'y installer et d'y survivre le tout pour un bon moment. Il était devenu obsédé à vouloir devenir plus fort après son passage chez la confrérie. Il voulait anticiper tout danger, ne plus connaître les nombreux échecs qu'il a subis pour devenir toujours plus performant. C'était un bon moyen de mettre en pratique ses aptitudes, sans doute. Sauf que la nourriture, céans, se faisait rare, voire inexistante. Mais pas de panique, puisqu'il voyageait pour aller chasser dans des régions voisines à une seule condition : pas une seule nuit ne devait se passer en dehors des montagnes.

Chris élut domicile dans une caverne qu'il avait nettoyée d'une famille de Grizzlis peu accueillants. La cohabitation s'était avérée impensable pour les bêtes ; de plus, Chris, étant humain, était légitimement une proie, un succulent repas pour les petits. Mais l'éducation de Chris avait insisté sur un point particulier : un soldat du roi était fait pour se battre en groupe. Or, un moine avait appris à faire face à plus d'un adversaire simultanément. Chris mit fin à la vie des parents, ta,t bien que mal, réussissant à se tirer d'affaire malgré plusieurs égratignures et quelques plaies affaiblissantes, et expulsa les enfants, faisant un minimum preuve de bonne foi. Et tant mieux si les nourrissons, une fois ayant atteint une taille imposante, venaient à aller se venger. Car Chris réservait le même sort à quiconque menaçait sa vie : le désir de vivre est plus fort que tout ! Mais cela constituait, pour lui, une routine supportable. Il était habitué au froid et aux menaces des rares bêtes qui vivaient dans les montagnes. De plus, il avait le temps pour aller chasser dans les forêts environnantes, voire même de se rendre dans la ville la plus proche pour consulter les bibliothèques !

Chapitre cinquième : élargis tes horizons !

Chris grandit. Cela faisait maintenant dix ans qu'il côtoyait les montagnes de ******, ce qui lui faisait vingt-huit années. C'était un homme endurci par le froid et la solitude, mais qui gardait tout de même, au fond de lui, les sentiments et émotions qu'on lui enseignât dans sa jeunesse. Dur à l'extérieur, tendre à l'intérieur, voilà ce qu'était Chris. Bien qu'il peinait encore à survivre contre les offensives des bêtes sauvages qui peuplaient ces lieux, Chris avait acquis, au fil de cette décennie, une modeste notoriété auprès d'eux. Parmi les animaux, on avait vent d'un homme blanc qui ne cherchait qu'à être tranquille, probablement... Du moins, en fait, c'est ce qu'il se disait, fier de lui, fier d'avoir tenu tant de temps. Ce jour-là mit fin à cette légende que Chris s'imaginait. Rêveur, il quitta la montagne une fois pour toute, en quête de découvrir de nouveaux horizons, progressant le plus possible à travers le royaume. Il voyagea en passant par les villes les plus accueillantes pour traverser les forêts les plus hostiles, mais pas moins naturelles. Et pour la première fois, Chris vit quelque chose qui chamboula ses pensées, quelque chose dont il entendit vaguement : la mer. Cette eau à perte de vue excitait le jeune homme. C'était la première fois qu'il voyait la mer ; il avait toujours eu des enseignements théoriques jusque-là. Sa curiosité n'en fut que plus grande lorsqu'il aperçu un regroupement de navires. Mais il n'avait peur de rien. Il infiltra un de ces bateaux, probablement parti en quête d'exploration. La présence de Chris déplut fortement aux passagers qui ne furent pas très tendres avec lui. Etant en surnombre, ils réussirent à faire de Chris leur esclave pendant la durée du trajet. L'humain était condamné à nettoyer le navire, à chasser honteusement les rats qui s'étaient eux-mêmes infiltrés à bord du navire, car Chris lui-même avait agi comme un rat. Mais il ne perdait pas espoir d'être libéré et d'atterrir quelque part...

Le navire continuait sa route. Chris y séjournait depuis maintenant deux mois. C'est là qu'on vit au loin une terre qui n'était pas la destination de base. Chris, las de devoir faire la bonne au service de ces marins, soumit une seule et unique requête : celle de le déposer ici. Les marins eurent la bonté de s'en rapprocher, mais non totalement. Chris fut jeté à la mer avec ses effets personnels et une planche ; c'était l'unique remerciement que l'équipage lui accorda pour avoir entretenu le navire tout ce temps. Et il nagea jusqu'à cette terre mystérieuse...

Il s'appelle Chris Scale, et son histoire se poursuit.